Jeudi dernier, la grande salle de l’hôtel Afzim de la ville de Tizi Ouzou a accueilli l’écrivain-candidat à l’élection présidentielle Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra. Dans la salle, il y avait des dizaines de personnes dont une partie est constituée par des auteurs en herbe vivant dans la région ainsi que d’auteurs ayant publié un ou plusieurs livres à l’instar de Hammoutène, auteur des «Oubliés de l’histoire», Abderrahmane Yefsah, auteur du roman : «Et Cain tua Abel» ainsi que du poète Youcef Merahi qui est l’ex-secrétaire général du Haut- Commissariat à l’amazighité (HCA). Ce denier a été d’ailleurs le modérateur de cette rencontre qui s’est déroulée dans un climat convivial où la grande part des débats tournait beaucoup plus sur la littérature.

Quant au volet inhérent à la présidentielle, il faut dire qu’il n’a pas obtenu la part du lion. Seuls les journalistes qui sont intervenus se sont adressés au candidat Mohamed Moulessehoul. Le public, quant à lui, a voulu entendre Yasmina Khadra l’écrivain. Au sujet donc de la présidentielle, Yasmina Khadra a laissé entendre qu’il a l’intime conviction que la politique de la chaise vide ne mène nulle part. Quand on lui pose la question de savoir comment compte-t-il participer à cette élection «alors que les conditions de transparence ne seraient pas réunie», Yasmina Khadra répond d’un ton ferme : Aucune bataille n’est perdue d’avance ». « Le renoncement est pire que le terrorisme. Cette élection va décider quel sera le sort de nos enfants. Ma participation n’est pas une question de politique mais une question de morale ».

Pour Mohamed Moulessehoul, la surdité est pire que l’absence de démocratie. Interrogé sur le fait que le nombre de postulants à la prochaine présidentielle soit élevé, Yasmina Khadra a répondu que dans notre pays, « la notion qualité et compétence n’existe pas mais il y a toutefois des candidats honnêtes et sincères ». Toujours au chapitre de l’événement du 17 avril prochain, l’orateur a déclaré : «Je n’ai pas peur de la présidentielle. Je crains plutôt ce que je devrais affronter plus tard au cas où je serais élu».

L’intervenant, répondant aux questions inhérentes à ses priorités également en cas où il venait de briguer le poste de premier magistrat de la nation, affirme : «Ce sera la normalisation de la vie de l’Algérien. Aucun programme ne pourrait aboutir sans que le citoyen ne soit tranquille. L’Algérie est victime de l’incompétence. Il faudrait que le citoyen arrive à ne plus redouter les institutions étatiques. J’œuvrerai à réhabiliter la notion du travail dans notre pays et l’une de mes priorités sera l’école algérienne». Au sujet de l’école donc, Yasmina Khadra propose une refonte de fond.

L’orateur a sévèrement critiqué l’école actuelle : «L’Algérie est le seul pays au monde où certains instituteurs préfèrent donner des cours non pas à l’école mais plutôt le faire chez-eux». Mohamed Moulessehoul a rappelé que l’école algérienne des années soixante et soixante-dix est celle qui a le plus réussi. Elle pourrait donc constituer un modèle. En revanche, le même candidat à la présidentielle suggère dans sa démarche que les matinées soient consacrées aux études et que les après-midis soient réservées aux activités culturelles et sportives. Il sera aussi question d’alléger au maximum les programmes de scolarité. Quant à l’enseignement secondaire, il sera plutôt dirigé vers la spécialisation professionnelle.

Avant de terminer, Mohamed Moulessehoul a affirmé : «Si on rate le rendez-vous du 17 avril prochain, ce ne sera pas renouvelable». «Nous avons tout pour être heureux, il nous manque juste la présence d’esprit», a conclu Yasmina Khadra.

Aomar Mohellebi

Source : Le Courrier d'Algérie